Qu’est-ce qui rend une expérience mémorable ? Les émotions bien sûr. Ce sont elles qui resteront lorsque les faits auront quitté notre mémoire. Et croyez-moi, notre équipe qui a eu la chance de “vivre” l’expérience immersive “L’horizon de Khéops” à Lyon en a largement fait le plein, d’émotions.
J’en profite pour vous prévenir que cet article va par moments “spoiler” l’expérience et que donc, si vous souhaitez aller la vivre, vous devrez fermer les yeux de temps à autres (essentiellement en ce qui concerne la narration). Cela étant dit, voyons ensemble ce qui nous a particulièrement frappé chez Speedernet, dans ce sacré morceau de VR…
Un onboarding efficace
Pour l’Horizon de Khéops comme dans n’importe quelle session immersive, tout commence par un embarquement (ou onboarding) complet et précis. Tout cela donc démarre par un topo complet par l’équipe encadrante :
- Usage du matériel,
- Bonnes pratiques pour respecter l’expérience des autres,
- Sécurité émotionnelle et sensorielle (en cas de problème, n’hésitez pas lever la main et enlever le casque),
- Constitution de petits groupes d’utilisateurs qui avancent ensemble.
Cette étape essentielle et très bien exécutée permet à chacun de rentrer en douceur dans l’expérience qui débute. On appréhende le poids et le confort de l’équipement, on se sécurise et on comprend le fonctionnement de tout cela avant d’être pris dans la narration et l’immersion sensorielle.
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
On le dit à longueur de livres blancs, de vidéos, de webinars et de formations chez nous : prévoyez un vrai temps de 5 ou 10mn pour amener les utilisateurs dans votre expérience.
Ils sont souvent novices en réalité virtuelle et même si vous avez un public aguerri, le confort sensoriel sera bien meilleur si vous les impliquez en douceur, Alors prenez le temps de les laisser se familiariser avec le matériel, donnez-leur le ou les enjeux de la session et expliquez-leur quel est votre process en cas de problème technique ou d’inconfort personnel. Il est important notamment de déculpabiliser le fait de se sentir éventuellement mal durant l’expérience. Certaines personnes sont physiologiquement sensibles et il n’y a aucun problème à demander de l’aide ou à s’arrêter en cours de route.
Un équipement pratique même si pas encore parfait
Niveau matériel, chaque visiteur est doté d’un casque HTC Vive Focus 3 et d’un ordinateur portable attaché en mode sac à dos pesant 3kg. Tout ceci est léger et plutôt confortable et à part se recaler le casque sur le nez de temps à autre, tout cela se fait facilement oublier. Pas de manettes et donc pas d’interactions manuelles durant l’Horizon de Khéops, c’est à noter. Par contre, le dispositif permet un tracking de la station debout ou accroupie du visiteur, ce qui va s’avérer pratique à un ou deux moments de l’expérience.
Mais le plus étonnant, c’est surtout la possibilité de “voir” les autres utilisateurs et les vrais murs pour éviter les collisions. J’y reviendrai au moment d’aborder la narration (vous savez, le moment du spoil), mais cette petite attention amène quelque chose de sympathique et son usage est bien dosé (sauf problème de mobilité fort, ça ne demande aucun pré-requis physique, on ne participe pas à un entraînement militaire).
On aura noté parfois des déconnexions du casque qui exigeaient de replacer soi-même le câble de connexion à l’ordinateur portable… Mais en même temps les casques sont utilisés de manière intensive et on est avide de regarder partout pendant l’expérience que ça se comprend très bien.
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
Là encore, c’est un classique dans nos formations : vérifiez votre matériel avant la session de VR. Un casque qui flanche en pleine expérience est une véritable “claque sensorielle” pour l’apprenant et tout le monde n’a pas la flotte de remplacement de l’Horizon de Khéops. Donc vérifiez les niveaux des piles et batteries, la qualité des fixations des casques et pensez à bien les nettoyer avant de faire passer l’utilisateur suivant. Et puis bien sûr, en amont, faites la chasse aux bugs ! Un bouton qui ne marche pas, c’est frustrant c’est vrai, mais se retrouver (comme ça m’est arrivé) dans la texture du sol de granit jusqu’à la taille, c’est très très désagréable pour l’esprit.
La déambulation géniale et ses quelques limites
1 000m² mis à disposition des utilisateurs pour visiter une pyramide et pas que ! Vous comprendrez de quoi je parle dans la partie suivante. Pour donner aux visiteurs “la véritable sensation” (amusant de parler de vérité dans ces moments-là) d’arpenter le monument, le choix a été fait de construire une expérience qui se parcourt. J’entends par là que chacun sous son casque se trouve à marcher physiquement avec l’illusion d’arpenter des couloirs de pierre, de tourner autour des scènes et des objets, de monter en “ascenseur” ou de voguer en barque sur le Nil (si vous pensez à une chanson française célèbre à cet instant, vous devriez aller voir notre vidéo Kesskidit)… et parfois de passer à travers. Le tout à parfois 70 participants en même temps !
Or, comme vous le savez, quand on est immergé dans une expérience VR, se balader au milieu d’un groupe d’autres utilisateurs est le meilleur moyen de se cogner dans tous les sens, de briser l’immersion et de se mettre des coups au cerveau. Eh bien pour pallier au risque de collision, le dispositif nous permet de “voir” les autres utilisateurs sous forme d’avatars lumineux qui arpentent en temps réel l’expérience en même temps que nous.
L’idée est excellente, la réalisation fonctionne bien, mais il faut un temps pour comprendre que l’avatar est moins large que la personne réelle. Donc la distance à conserver doit être un peu plus grande que ne le laisse penser la vision de la silhouette lumineuse. Et cet apprentissage s’avère rude quand il y a beaucoup de monde au même endroit, puisque chaque contact involontaire est une nouvelle claque à l’esprit (puisqu’on rentre physiquement dans quelque chose que nos yeux ne voient pas…).
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
Pensez à l’avance votre espace pour que toute personne sous casque ait une large zone de vide autour d’elle, surtout si elle doit se tenir debout. Attention aux tables, chaises, objets laissés au sol et bien sûr, aux autres utilisateurs. La rencontre risque d’être désagréable, non pas seulement à cause d’une quelconque violence dans le contact, mais parce que le cerveau est accaparé par bien autre chose et que le sens du toucher n’est pas sensé se manifester ainsi. Ça peut être vraiment perturbant !
Une histoire prenante et intelligente pour parler d’histoire
Ça y est, ça va spoiler !
L’Horizon de Khéops, nous propose a priori de visiter la pyramide de Khéops évidemment, sur le plateau de Gizeh. Jusque-là tout est clair, on y vient donc avec un intérêt pour l’histoire, l’archéologie ou juste l’envie de se laisser étonner par des mythes et légendes exotiques.
On s’attend à faire une visite interactive, pourquoi pas guidée de la grande pyramide et puis voilà. C’est d’ailleurs comme ça que commence l’aventure. On est accueilli par une guide professionnelle enthousiaste qui nous mène rapidement dans le monument. Mais au bout de quelques minutes, la pièce se trouve plongée dans le noir. La guide allume une lampe torche et nous demande de l’attendre calmement, le temps qu’elle aille chercher le gardien du site pour qu’il rétablisse le courant… Et voilà le twist ! Voilà ce qui va donner toute sa saveur à l’expérience.
Ce ne sera pas un cours d’histoire
Alors que nous ne voyons plus rien dans notre casque, un gros chat paré de bijoux brillants apparaît devant nous. C’est la déesse égyptienne antique Bastet qui nous parle et se propose de nous guider bien plus loin à travers la pyramide mais aussi les rituels et l’Égypte ancienne.
Dès lors, au lieu d’avoir un long cours d’histoire ou un ersatz de visite guidée de la vraie pyramide, nous plongeons dans un monde onirique. Nous nous enfonçons au cœur de la pyramide, les pierres s’écartent, et la déesse nous montre, loin en contre-bas les lieux essentiels ou normalement inaccessibles du monument. Puis nous apparaissons tout en haut de la montagne de calcaire avec une vue impressionnante à 360° (bien sûr) sur la ville alentours. Nous montons ensuite dans une barque le long du fleuve pour assister à la préparation du corps de Khéops avant son inhumation.
De l’importance du son dans la conception VR
L’habillage sonore est excellent, le scénario bien conçu, attrayant et rythmé par un excellent travail de voix des deux comédiennes qui incarnent Bastet et notre guide et tout cela constitue un tour de force qui va au-delà du visuel.
On notera que pour un certain nombre de membres de l’équipe, la rétention de l’information a été difficile car le cerveau étant très sollicité émotionnellement et sensoriellement, on était plus dans un état d’émerveillement que dans une situation propice à l’apprentissage.
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
Vous l’aurez noté, ce qui fait la force du scénario proposé par l’Horizon de Khéops, c’est ce twist, cette surprise qui nous place non pas en situation d’avaler de la connaissance, mais plutôt de la vivre. Travaillez donc votre cadre et votre histoire en tâchant de placer votre apprenant dans une situation qui le sorte de son quotidien ou de ce à quoi il s’attend (on l’a déjà évoqué ici).
De la même façon, variez les points de vue pour que l’apprenant ne soit pas à la même place tout le long de son expérience. Ceci rythme la session et permet d’avoir une vue d’ensemble sur le sujet et ses différents enjeux.
Des graphismes efficaces, un jalon technologique ?
Concernant les graphismes, tout dépend de l’œil avec lequel on décide de regarder. Si on sort d’Avatar 2, forcément le grain peut paraître un peu grossier. Mais soyons francs, même avec une place de cinéma toutes options, on ne peut pas véritablement marcher dans et autour de l’image. Alors qu’avec l’Horizon de Khéops, on peut loucher à deux centimètres de chaque objet ou personnage.
Et dans cette perspective, c’est très agréable. Les jeux de lumière et les décors marchent bien. On est très vite transporté au bon endroit et si d’aventure on doit passer à travers une texture de pierre pour mieux voir une scène sans se télescoper avec un autre utilisateur par exemple, on y réfléchit à deux fois tant l’environnement est convaincant.
Par ailleurs, parmi les astuces graphiques qui soutiennent la narration de l’expérience, j’ai beaucoup apprécié l’usage d’un pointeur qui désigne les éléments à voir durant la visite quand Bastet veut attirer notre attention. Une petite boule lumineuse part du front de la déesse et laissant une trace étincelante, va jusqu’au point d’intérêt. Une idée lumineuse si j’ose dire, qui permet d’intégrer ce fameux pointeur dans le scénario de façon très “naturelle”.
Il est également intéressant de noter que même des personnes sujettes à la claustrophobie ou au vertige ont très bien supporté l’expérience.
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
Pensez à la cohérence des différents éléments graphiques que vous placez dans votre module. Évitez les incongruités en choisissant des pictos et autres images dans des couleurs et des qualités égales. Ce soin apporté à l’image (je ne parle évidemment pas de la qualité des panoramas 360°) sera le garant de la crédibilité de votre environnement et donc de l’efficacité de votre expérience.
Par ailleurs, ayez en tête que si l’immersion fonctionne bien, votre utilisateur sera profondément concentré. Passer à travers un chemin visiblement pas fait pour (traverser un gros mur de caillasse par exemple) pourra être extrêmement impressionnant pour lui, même si vous et moi savons qu’il ne s’agit en réalité que d’une “feuille de pixels”. Alors prévoyez des chemins suffisamment larges si vous offrez la possibilité à vos utilisateurs de se déplacer librement dans votre environnement.
Un offboarding essentiel
Après une expérience de 45 minutes sous casque, riche en informations et en sollicitations sensorielles, les perceptions sont perturbées et il est important de prendre un moment pour atterrir. Ainsi, après ce voyage en Égypte ancienne, nous avons été menés dans une pièce calme, un sas de décompression avec des sièges, une fontaine à eau et une décoration propre à ramener le cerveau à la réalité.
Certains d’entre nous ont mis plusieurs dizaines de minutes à quitter cet état un peu flottant où l’esprit tente de retrouver une perception dans l’espace adaptée à la réalité. C’est un peu la même sensation qu’en quittant un film particulièrement prenant… mais largement démultiplié. Pas désagréable, mais l’offboarding était vraiment une étape importante pour chacun d’entre nous.
Le conseil formation de Speedernet Sphere :
Prévoyez ce temps d’atterrissage dans vos plannings, particulièrement si les sessions doivent être longues. Le cerveau est sollicité de façon assez particulière et il lui faut du temps pour se recaler. Essayez donc de mettre en place une zone sans sollicitations pour vos apprenants. Un endroit où s’asseoir, se reposer et parler de l’expérience vécue. Nous en avions déjà parlé, la VR est une modalité intense qui demande à être accompagnée pour être vécue de la meilleure façon qui soit.
Bilan d’une expérience intense
Au final, L’Horizon de Khéops n’aura laissé personne indifférent en ce qu’elle propose une expérience complète, intense, remarquable par bien des aspects et très riche d’enseignements. Bravo à Emissive, concepteurs de ce très beau dispositif. Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à aller le vivre et venez en reparler avec nous ici ou sur les réseaux !
Images l'Horizon de Khéops - tous droits réservés Emissive/Excurio
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