Nous avons aujourd’hui le plaisir de publier une interview qui nous a été donnée par Benoît Saguez, Chef de projet à l’Institut Catholique de Lille (ICL) autour d’un projet immersif réalisé avec Speedernet Sphere à destination des futurs avocats formés à la Faculté de droit de l’ICL.
Ce projet a été mené conjointement avec Anne-Claire Grandjean, enseignante à ladite Faculté et ils témoignent ici de l’intérêt de l’immersif dans la mise en situation des étudiants en Master 2, de la capacité de cette modalité à apprendre aux étudiants à gérer leurs émotions et celles de leur client dans une situation délicate tout en faisant appel à leurs connaissances théoriques, bref, à plonger au cœur de leur futur quotidien de professionnels. Vous trouverez un retour en vidéo en fin d’article.
Quelle est la genèse du projet ?
En 2020, nous avons été lauréats, avec l’Université Polytechnique Hauts-de-France (UPHF), de l’appel à projets “hybridation des formations de l’enseignement supérieur”, lancé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) et le Secrétariat Général Pour l’investissement (SGPI). C’est dans ce cadre que nous avons commencé à intégrer la pédagogie immersive au sein des enseignements de l’Institut Catholique de Lille (ICL).
Anne-Claire Grandjean, enseignante à la Faculté de Droit de l’ICL, est venue à ma rencontre pour monter une expérience ensemble. Elle donne des cours de “Mises en situation contentieuses” auprès des Master 2 Professions Juridiques et Administratives (PJA).
Dans cette expérience, les étudiants incarnent un avocat qui travaille dans son bureau. Il reçoit un client qui a reçu une obligation de quitter le territoire. Ce dernier a une particularité : il a tendance à s’énerver facilement. L’avocat doit donc analyser le cas de son client et l’accompagner dans la résolution de son problème tout en faisant attention à ses réactions.
En quoi l’immersif vous est apparu comme la solution à retenir ?
Dans notre cas, l’affect joue un rôle important : il faut trouver une solution pour le client tout en ne se laissant pas déstabiliser par celui-ci lorsqu’il s’énerve. La pédagogie immersive est très appropriée pour ce genre de situation car nous incarnons quelqu’un et nous avons en face de nous un client qui a de fortes émotions. Nous avons d’ailleurs opté pour de la vidéo 360° afin d’être au plus proche de la réalité.
Un avantage non négligeable est celui de la reproductibilité de l’expérience : elle peut être vécue autant de fois que les étudiants le souhaitent pour tester les différents embranchements et donc réactions du client. Cela ne serait pas possible si l’on simulait l’expérience en physique.
Comment avez-vous déployé ce module VR ?
Dans un premier temps, nous avons fait vivre l’expérience à l’aide de casques de réalité virtuelle car ils permettent aux étudiants d’être en immersion totale, sans être distraits par ce qui se passe autour d’eux. Comme les M2 PJA ne sont que 10, cela a été simple de déployer l’expérience sur des casques VR.
Nous imaginons une autre manière de faire vivre l’expérience auprès de plus grandes cohortes : l’enseignante transmet l’expérience à l’aide d’un vidéo-projecteur et les étudiants utilisent un système de télévote pour choisir les réponses et avancer dans le scénario. À tout moment, l’enseignante peut lancer une discussion si les propositions de réponses sont très proches par exemple.
Une fois l’expérience vécue en cours, elle est à disposition sur le LMS pour que les étudiants puissent revenir dessus et tester les différents embranchements s’ils le souhaitent.
Comment les étudiants réagissent lorsqu’ils vivent cette expérience ?
Les étudiants sont d’abord impressionnés par la qualité de l’expérience, l’aspect immersif et le sentiment de présence : ils ont “ressentis” le client en face d’eux et se sont vraiment sentis à la place de l’avocat. Voici quelques exemples de retours que nous avons eu “c’est fluide et simple”, “c’est très bien fait, les réactions sont très humaines”, “si l’on pouvait réviser tous les cours comme ça, ce serait trop bien”, “ça nous permet de sortir du cas client papier et de le voir en face de nous”.
Tous ne réagissent pas de la même manière dans les choix au sein de l’expérience : certains ont préféré faire les choix les plus raisonnables selon eux, alors que d’autres ont préféré “pousser à bout” le client.
Ils ont principalement apprécié l’aspect concret de l’expérience : le cours d’avant, ils ont étudié le cas client sur papier et avec la VR ils ont accompagné ce client. Ils ont tout de suite vu la complémentarité avec le reste du cours et ça leur a permis de sortir du théorique. Les réponses que les étudiants font pendant l’expérience amènent à une réaction réelle du client, contrairement à un QCM classique, détaché de la réalité.
Les retours des étudiants nous ont permis d’améliorer l’expérience afin qu’elle corresponde encore mieux à leurs attentes.
En quoi pensez-vous que l’immersif qui fait appel non seulement aux connaissances théoriques mais aussi à la gestion émotionnelle des apprenants, peut les aider à se préparer à leur vie professionnelle ?
Même si les étudiants effectuent des stages dans leur cursus, ils n’ont pas forcément l’occasion de vivre des situations aussi complexes que celle que nous proposons avec cette expérience. À l’aide de la pédagogie immersive, ils vivent une situation authentique, que les étudiants vivront dans leur future vie professionnelle. La volonté est de les préparer au mieux, pour qu’ils puissent réagir de la bonne manière lorsque cela arrivera.
Est-ce que ce projet vous donne envie de renouveler l’expérience ?
Avec Anne-Claire, nous avons déjà des idées pour donner une suite à cette première expérience. L’idée serait de pouvoir suivre et accompagner le client tout au long du parcours juridique jusqu’au procès final. Chaque module immersif correspondrait à une étape du parcours. Cela permettrait de lier la théorie et la pratique en alternant les deux modalités tout au long du semestre. Affaire à suivre !
Un retour en vidéo
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement Benoît Saguez ainsi qu’Anne-Claire Grandjean pour cette interview et ce projet qui ont été si plaisant à mener avec eux.
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