La recherche utilise Speedernet Sphere : interview de l’ISPB & l’iCAP Lyon 1

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de partager avec vous le témoignage d’Amanda Garrido et Julien Manganoni qui viennent vous parler d’une expérience qu’ils ont créée avec Speedernet Sphere et qui a donné lieu à la publication d’un papier de recherche dans le Journal of Chemical Education le 19 septembre 2024.

Cette étude traite de l’efficacité de l’usage d’une visite immersive en 360° d’un laboratoire de chimie organique auprès des étudiants et nos invités vont vous parler de cet excellent projet !

Présentation des invités

Pouvez-vous vous présenter et décrire en quelques mots vos domaines d’intervention respectifs au sein de l’Université Lyon 1 ?

AG : Je suis Dr Amanda Garrido, Maître de conférences universitaire à l’ISPB (Institut des sciences pharmaceutiques et biologiques) ou, autrement dit, la faculté de pharmacie. Je suis pharmacien de formation et j’ai réalisé une thèse en chimie organique afin de faire de la recherche et de l’enseignement à la faculté. Je donne des cours de chimie organique aux étudiants de 2ème année pharmacie et à des étudiants de master recherche.

JM : Je suis Julien Manganoni, réalisateur audiovisuel et multimédia au sein du service d’innovation, conception et d’aide à la pédagogie (iCAP) de l’université Lyon 1. Mon rôle au sein de l’université est d’offrir aux enseignants une expertise technique en vidéo de plusieurs manières. Notamment en réalisant avec eux des vidéos de haute qualité. Les enseignants comme Amanda ont la connaissance, nous avons la technique.

En travaillant ensemble, nous réalisons de belles choses qui peuvent servir aux étudiants pendant plusieurs années. Cela peut être des vidéos de cours, de TP, des ressources pour la santé mentale des étudiants. Et ce peut-être sous plusieurs formes, de la simple vidéo au podcast, en passant par les visites 360 qui nous intéressent aujourd’hui. 

Je donne aussi des formations aux enseignants.

Contours du projet

Parlons maintenant du projet immersif que vous avez mené ensemble et des enjeux scientifiques et pédagogiques auxquels il devait répondre ?

AG : Nous avons mis en place un nouvel outil pédagogique virtuel, destiné aux étudiants de deuxième année de pharmacie. Cet outil propose une visite immersive à 360° de l’actuel laboratoire de travaux pratiques de chimie de la faculté, permettant aux étudiants d’explorer la salle de manière interactive, à la manière d’un jeu vidéo, avant d’assister au cours pratique.

Les objectifs de cette visite virtuelle sont d’impliquer activement les étudiants en pharmacie dans l’apprentissage de la chimie organique, en visant à renforcer leur motivation et leur autonomie lors des séances de travaux pratiques. Cet outil pédagogique répond aux attentes des nouvelles générations d’étudiants entrant dans l’enseignement supérieur, en offrant une meilleure connexion entre les connaissances théoriques et les compétences pratiques quotidiennes. L’originalité de cet outil réside dans la diversité des contenus pédagogiques intégrés à la visite immersive à 360°, tels que des vidéos en 2D, des vidéos lightboard et des vidéos d’animation.

JM : Le risque de ce genre de visite est de faire un outil peu engageant et difficile à utiliser. Nous avons travaillé à rendre cette expérience intéressante par l’ajout de mécanismes de gamification, par la production de vidéo de qualité et une variété de médias intégrés : photos, conseils écrits, vidéos de manipulation, vidéo de lightboard, vidéos 360.

Nous voulions aussi éviter une expérience trop impersonnelle. C’est pourquoi Amanda apparaît régulièrement dans la visite : dans les introductions et dans les parties lightboard, laissant le personnage de l’enseignante au cœur du média. 

Découvrez l’expérience Speedernet Sphere réalisée par nos invités

Pourquoi la VR et pourquoi Speedernet Sphere

Pourquoi la VR vous a paru pertinente pour ce projet ? Et pourquoi Speedernet Sphere en particulier ?

AG : De nombreux formats de vidéos pédagogiques ont émergé depuis la période COVID-19, favorisant l’essor des vidéos tutoriels pour les travaux pratiques qui n’ont pas pu être suivis en présentiel. De plus, de nombreuses publications scientifiques sur l’utilisation de la VR ont démontré leur efficacité pour améliorer la compréhension des procédures expérimentales.

La chimie se prête particulièrement bien à la réalité virtuelle, car elle permet de représenter les molécules en trois dimensions, reflétant ainsi la nature intrinsèquement spatiale des structures chimiques, qui ne peut être pleinement appréhendée en 2D. Pourquoi Speedernet ? Je laisse Julien répondre !

JM : Lors de leur 1er TP, les étudiants n’ont pas connaissance de la disposition des salles. Une vidéo classique peut montrer les lieux, mais il est toujours difficile de se les représenter dans ce format. Faire du 360° permet aux apprenants d’avoir une représentation claire de l’endroit et de s’immerger dans la visite. Cela pousse aussi à l’exploration. Ainsi un étudiant arrivant la première fois en salle de TP sera moins perdu.

Nous avons choisi de faire ce projet sur Speedernet Sphere pour plusieurs raisons. À l’époque où nous avons cherché un logiciel permettant de faire du 360°, nous voulions un outil que nous pourrions proposer aux enseignants de Lyon 1. Il fallait qu’ils puissent le prendre en main facilement, en autonomie. Et Speedernet Sphere est un logiciel très intuitif et simple à prendre en main.

Mais beaucoup d’outils “simples” sont très vite limités dans les possibilités qu’ils offrent. Speedernet Sphere permet d’aller assez loin dans les mécaniques d’interaction, de gamification, et de personnalisation. Il est possible d’intégrer des vidéos dans l’environnement, de conditionner des accès selon des objectifs et variables personnalisées, d’ajouter des QCM, etc. Le tout de manière assez simple. En plus, Speedernet est une entreprise Lyonnaise, ce qui est toujours un plus. Et ils sont réactifs quand nous avons besoin d’eux. 

Les publics et leurs attentes

Qui sont les publics cibles de cette expérience et quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce module ?

AG : Les objectifs sont d’améliorer la compréhension du TP par les étudiants, d’augmenter leur autonomie pour mettre en œuvre les manipulations et de les motiver à s’impliquer dans la matière.

Science de la pédagogie et publication scientifique

Parlons maintenant science de la pédagogie. Vous expliquez dans l’article que l’un des objectifs était d’amener les étudiants à trouver de l’intérêt et à s’engager durant les cours de chimie au sein de leur cursus. Pouvez-vous nous donner un rapide aperçu de votre démarche scientifique autour de cette question et des résultats que vous avez obtenu ?

AG : L’évaluation de la visite à 360° concernant les objectifs pédagogiques (apprentissage, motivation et autonomie) a été réalisée à travers un feedback des étudiants.

Les résultats sont basés sur les réponses de 186 étudiants de deuxième année de pharmacie sur les 187 ayant participé aux retours en 2023, soit un taux de réponse de 99 %. Les résultats de ce sondage de type déclaratif ont montré que les étudiants étaient globalement satisfaits par la visite et que cela les avaient motivés à venir en TP.

Une analyse plus quantitative a été réalisée pour examiner l’impact du visionnage de la vidéo avant les travaux pratiques sur le niveau d’autonomie des étudiants pendant les séances. Le test statistique a révélé une amélioration significative de l’autonomie chez les étudiants ayant visionné la visite avant les travaux pratiques, par rapport à ceux qui ne l’ont pas fait.

Découvrez l’article sur le site de la revue scientifique

Conseils aux débutant en immersive learning

Pour terminer, auriez-vous quelques conseils à donner à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer comme vous dans l’immersive learning ?

AG : Il est important de s’y engager, même si cela demande du temps, car le travail sera reconnu à la fois par les étudiants et par la communauté scientifique, notamment grâce aux nombreuses revues scientifiques qui publient dans le domaine des sciences de l’éducation. 

JM : L’immersive learning est une façon d’apprendre assez novatrice. Elle peut être très efficace, mais ne s’utilise pas n’importe comment. Voici les conseils que j’aurais à donner à ce sujet : 

• C’est un parfait outil pour toutes les formations où la perception de l’espace a une grande importance. N’hésitez pas à l’utiliser pour ça !
• La partie technique est intimidante, mais est très loin d’être hors de portée de la plupart des enseignants, moyennant l’accès au matériel et aux outils.
• Il faut penser à la place que ce type d’expérience prend dans le cours, quand et comment le mettre en place : faut-il le mettre en libre accès pour les étudiants ? Le rend-t-on obligatoire ? Fait-on la visite pendant un cours ? En autonomie ? Met-on en place des questionnaires autour de la visite ? Va-t-on évaluer dessus ?
• Si la visite doit être utilisée en autonomie, il est important de rendre l’ergonomie claire, pour ne pas perdre les étudiants et désavantager ceux mal à l’aise avec l’informatique. 
• N’oubliez pas que ça ne remplace pas les cours normaux. C’est un outil.

Conclusion

Merci beaucoup à nos deux invités pour cette interview à la fois précise et généreuse et félicitation pour la publication de l’article scientifique ! Toute l’équipe Speedernet Sphere est fière de travailler à un outil qui permet ce genre d’expérimentations pédagogiques.

Si vous aussi, vous souhaitez découvrir le logiciel et évoquer vos projets, contactez-nous ici !