
Dans cette interview croisée, nous vous proposons de lire Maud Harnichard, ingénieure pédagogique et formatrice pour les enseignants du campus, Anissa Moussaoui, ingénieure pédagogique du numérique (projet AIR-TP) et Maxime Louet maître de conférence. Ils évoquent avec nous un ambitieux projet d’immersive learning dont l’enjeu est de réaliser pas moins d’une quinzaine de modules 360° pour les étudiants de la Faculté de Pharmacie de l’Université de Montpellier !
Merci à eux pour leur partage d’expérience et, comme vous le verrez plus bas, bravo pour leur excellente maîtrise de Speedernet Sphere, notre logiciel auteur d’expériences VR et 360°, et leur pertinence pédagogique avec l’outil !
Présentation des invités
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et décrire en quelques mots vos domaines d’intervention respectifs au sein de l’Université de Montpellier ?
MH : Je suis Maud, l’ingénieure pédagogique fixe du campus ! Mes missions concernent principalement l’accompagnement et la formation des enseignants du campus dans l’optimisation de leurs pratiques pédagogiques, notamment dans le cadre de l’approche par compétences, mais également dans la mise en place d’outils IA. Je m’occupe également de toute la partie gestion de projets : du montage du dossier ou du projet jusqu’à la valorisation en interne et en externe du projet pédagogique. Je fais aussi de la conception pédagogique, numérique et non numérique (création de jeux pédagogiques par exemple), et de plus en plus de l’ingénierie de formation : des modules de formation en ligne ou en présentiel ! Je contribue enfin avec ma Direction à la mise en place d’une véritable cellule d’accompagnement et d’innovations pédagogiques.
AM : Je suis Anissa, ingénieure pédagogique du numérique. J’ai été recrutée dans le cadre du projet AIR-TP pour la réalisation et la conception de modules immersifs avec Speedernet Sphere. J’ai d’abord effectué mon stage de fin de master au sein de l’UFR sur un projet similaire de modules immersifs, avant d’être recrutée, il y a quelques mois, sur ce projet.
ML : Je suis maître de conférences à la faculté de pharmacie de Montpellier depuis septembre 2019. J’enseigne principalement la physico-chimie et la biophysique au sein du campus pharmacie, à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes et à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier (ENSCM). J’ai toujours aimé transmettre les connaissances que j’ai acquises et je me suis tourné vers la pédagogie pour réussir au mieux possible à faire passer mon message. En parallèle, je mène mes activités de recherche en modélisation moléculaire depuis l’Institut des Biomolécules Max Mousseron où j’interviens dans divers projets pour mieux comprendre la dynamique conformationnelle des protéines et de leurs interactions avec des molécules thérapeutiques.

Le projet et ses enjeux
Pouvez-vous maintenant brosser rapidement les contours du projet immersif que vous menez ensemble et les enjeux pédagogiques auxquels il doit répondre ?
MH : Le projet AIR-TP émerge d’un constat : les étudiants sont angoissés pour leurs premières venues en TP. Le projet s’adresse principalement aux étudiants de 2e année du cursus Pharmacie du campus. Ils sont effectivement issus d’une année de concours, particulièrement intense qui les conditionne dans des méthodes d’apprentissage “par cœur”. L’objectif de ce projet est de les préparer au mieux à leurs séances de travaux pratiques, de repérer le matériel, les règles de vie dans une salle de TP, de se familiariser avec leur environnement et ce qui va leur être proposé et demandé. En aucun cas ces modules pédagogiques ne visent à remplacer les TPS. Ils sont complémentaires et sont du matériel pédagogique pour aborder plus sereinement les TPS. L’objectif est également d’optimiser le temps enseignant/étudiant et d’avoir plus de temps pour optimiser le temps “pratique” et pédagogique.
ML : Ce projet fait suite à une expérimentation pédagogique où nous avons inclus l’utilisation de la réalité virtuelle dans les enseignements en modélisation moléculaire. Après discussion avec des chimistes de l’ENSCM, il nous a semblé important de présenter les règles en laboratoire pour la sécurité des étudiants. Le projet a pris de l’ampleur lorsque nous l’avons présenté aux collègues de la faculté de pharmacie. Des biologistes se sont joints au projet et de nouvelles idées ont émergées, bien au-delà de l’aspect “sécurité” initial. Le projet s’est orienté vers l’ensemble de l’environnement des salles de TP du campus, des règles de sécurité jusqu’à l’utilisation pratique des appareillages.
Pourquoi La VR et pourquoi Speedernet Sphere ?
Pourquoi la VR vous a paru pertinente pour ce projet ? Et pourquoi Speedernet Sphere en particulier ?
MH : Ce type de support est particulièrement adapté par ses aspects immersifs. Les étudiants peuvent découvrir les salles du campus et les enseignants qu’ils vont ensuite avoir en séances. Les étudiants peuvent ainsi véritablement parcourir les salles et leur matériel à travers ces modules immersifs. Cela développe également leur curiosité : il faut naviguer dans les modules, se tourner, se déplacer dans la salle. L’outil Speedernet Sphere est très intéressant du fait de son degré de personnalisation. Les enseignants qui participent à ce projet et qui ont établi les scenarios avec l’équipe pédagogique du projet ont particulièrement apprécié cet aspect : ils peuvent décider de la linéarité du module ou non, des activités à intégrer ou non dans leur(s) module(s). Enfin, le rendu des modules est très agréable et apprécié des usagers.
ML : Nous n’utilisons pas la VR à proprement parler. Il est possible d’avoir une immersion encore plus intense dans nos salles de TP avec un casque de VR, mais pour le rendre accessible à tous, nous avons fait le choix d’optimiser les expériences pour une utilisation sur écran classique. Il ne nous est malheureusement pas possible à l’Université de proposer des casques de réalité virtuelle pour les 1000 étudiants concernés par ce dispositif. Nous disposons actuellement d’une dizaine de casques pour l’expérimentation pédagogique. L’avantage de l’outil Speedernet Sphere est qu’une immersion est possible même sans casque de VR.
Les publics cibles ?
Qui sont les publics cibles de cet ensemble d’expériences et quelles sont vos attentes vis-à-vis de ces modules ?
MH : Les publics cibles sont les étudiants, principalement, de 2e année du cursus Pharmacie du campus, mais également de 3 et 4e année ainsi que des Masters. Les modules seront accessibles à tous les étudiants du campus, et seront rendus obligatoires pour certaines formations. Nous espérons que les étudiants les utilisent à bon escient et optimisent les modules : il est nécessaire que cela leur serve et que nous puissions mesurer leur impact sur le facteur stress des étudiants. Nous espérons que ces modules seront utiles aux étudiants et qu’ils les suivront avec assiduité.

Quelle maîtrise !
Comment avez-vous atteint ce niveau d’usage et quelles sont vos intentions en termes de scénarisation, de gamification etc. ?
AM : J’ai pu découvrir rapidement le logiciel grâce au MOOC proposé par Speedernet Sphere. À ce moment-là, j’étais en stage de première année de master, donc je n’avais pas pu tester le logiciel, mais j’avais trouvé l’outil très intéressant. Ensuite, je me suis formée directement sur le logiciel pendant mon stage de fin d’études à la Faculté de Pharmacie. Depuis, je continue d’explorer ses évolutions au quotidien, en testant de nouvelles fonctionnalités pour affiner mes compétences et enrichir les modules immersifs que je conçois.
Je suis particulièrement intéressée par la gamification et l’aspect graphique des formations, qui permettent de rendre le contenu plus engageant et impactant pour les apprenants. C’est pourquoi j’intègre ces éléments dans mes modules, en ajoutant des missions et des tâches qui facilitent la progression des utilisateurs, structurent l’expérience et les rendent plus actifs. Le but est d’impliquer les étudiants afin qu’ils soient un minimum actifs dans l’expérience. Toutefois, cela reste une initiation et une présentation : l’objectif n’est pas de les faire manipuler virtuellement, mais plutôt de leur permettre de découvrir l’environnement, les appareils et potentiellement, de mieux comprendre ce qu’ils réaliseront plus tard en TP.

Quelques conseils ?
Pour terminer, auriez-vous quelques conseils à donner à celles et ceux qui souhaiteraient se lancer comme vous dans l’immersive learning ?
MH : Concernant la mise en place du projet, bien sensibiliser les équipes enseignantes afin d’embarquer le plus grand nombre. Nous avons mené à cet effet plusieurs réunions de présentation du projet auprès des enseignants et auprès de notre Direction. Nous accompagnons également de près les enseignants qui ont souhaité s’impliquer dans le projet : réunions de travail, matériel pédagogique mis à disposition des enseignants, séances de captation 360 et vidéos avec les enseignants…Nous réalisons également divers points d’étapes du projet en interne pour tenir au courant les usagers impliqués du bon avancement du projet mais également le reste de la communauté du campus. Je conseillerai ainsi d’avoir le temps et l’énergie nécessaires à consacrer à la montée et l’accompagnement de ce type de projet pédagogique.
Conclusion de l’interview
Merci à nos trois invités qui réalisent ces modules passionnants en profitant à fond des possibilités de Speedernet Sphere.
Si vous aussi vous souhaitez vous lancer ou déployer plus largement après avoir testé la modalité immersive dans votre structure, contactez-nous, nous saurons vous accompagner dans le développement et la pérennisation de la VR selon vos objectifs de formation.
Si l’interview vous a plu, vous apprécierez peut-être aussi ce webinar.
Florence Rouillé, ingénieure techno-pédagogique au sein d’Oniris VetAgroBio Nantes, nous y présente l’excellent dispositif qu’elle a coconçu pour préparer les étudiants vétérinaires à la réalité d’un bloc opératoire.
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