De la salle de classe à la VR, l’évolution du rôle du formateur

Article écrit par Gaëlle Da Costa Giustiniani, cheffe de projet immersif chez Speedernet.

Dans un monde en constante mutation, la formation professionnelle doit s’adapter pour rester efficace. Les technologies immersives ouvrent de nouvelles perspectives passionnantes pour les formateurs.

Dans cet article, nous explorerons comment le rôle du formateur évolue grâce à ces technologies et ce en mettant en lumière l’ensemble des « nouveautés » du rôle tenu par un formateur à travers un projet concret réalisé au sein de notre agence. 

L’immersif en complément du présentiel

Récemment, j’ai eu le privilège de travailler avec une école leader dans la formation aux métiers du packaging industriel. Jusqu’à aujourd’hui, les étudiants se formaient sur de réelles chaînes de production montées au sein de la structure, et ce dans le but de comprendre les mécanismes complexes de ces installations. Les exercices portaient sur la capacité à en identifier les différentes possibilités de pannes et les moyens de les résoudre.

Ce mode d’apprentissage traditionnel a clairement montré son efficacité dans la performance et la réactivité des étudiants à poser un diagnostic correct sur une ligne de production industrielle une fois embauché.

Contourner les limites avec un simulateur en VR

Cependant, il a également montré ses limites (y compris dans d’autres secteurs d’activité) : importants besoins matériels, nombre de cours limités nécessitant une grosse préparation, un nombre de scénarios limités et ne permettant pas à l’étudiant de s’entraîner en autonomie… 

Pour répondre à ces problématiques, l’école nous a sollicité pour réaliser un simulateur immersif afin de remplacer le matériel de formation traditionnel.

Une nouvelle place pour le formateur

Mais qu’en était-il du formateur dans le développement puis l’animation de cette nouvelle modalité d’apprentissage ?

Dans un premier temps, le lancement du projet a exigé un dialogue important auprès de l’équipe pédagogique de l’école. Elle était divisée entre les “pour” qui appréciaient l’intérêt et la valeur ajoutée pour les apprenants d’un tel simulateur et les “contre” pour qui les limites paraissaient trop importantes.

Il a fallu créer un climat de confiance où tout le monde a pu s’exprimer librement sur ses freins et ses doutes afin de trouver des solutions collectives et partagées.

Accompagner le changement

Un autre enjeu de taille a été l’accompagnement au changement étape après étape. Nous avons pour cela collaboré quotidiennement pour redéfinir la place et le rôle de chacun dans ce nouveau parcours de formation.

Les formateurs sont peu à peu devenus des experts métiers, grands détenteurs du savoir et du contenu de la formation. Ils ont dû acculturer l’équipe projet à leurs connaissances techniques puis les synthétiser pour ne conserver que l’essentiel (car oui, les formations de 500 slides Powerpoint ça ne passe pas super dans un casque 😛).

Des compétences à adapter

Ils ont alors expérimenté le métier de scénariste en partenariat avec nos concepteurs pédagogiques pour concevoir des scénarios à la fois réalistes et pertinents au vu des objectifs pédagogiques définis en amont. 

Au travers des différents livrables de la conception : structure pédagogique et fonctionnelle, script et storyboard, ils ont pu appréhender les challenges de la conception immersive mais avant tout pédagogique.

Et oui, on sous-estime souvent l’importance de cette étape clé dans un projet ayant comme support une modalité innovante.

La dimension audiovisuelle

L’étape suivante joue également un rôle primordial dans la conception d’un module immersif en photos ou vidéos 360° : le tournage.

Et là nos chers formateurs ont découvert le plaisir de passer des deux côtés de la caméra en tant qu’acteur et réalisateur. Ils ont également découvert tous les métiers de la “production” qui y sont associés : designer graphique, monteur, artiste 3D, motion designer, acteur voix-off, sound designer… (ça en fait du monde !).

Puis nos intégrateurs ont pris le relais pour transformer toutes ces ressources en une seule :  le tant attendu module immersif. Il a donc fallu prendre la casquette de testeur pour vérifier que le dispositif était conforme aux attentes et qu’il se déployait convenablement sur la plateforme et les modes de diffusion prévus au démarrage du projet.

Et enfin, les formateurs ont pris le rôle d’ambassadeurs pour promouvoir et surtout utiliser ou faire utiliser ce nouveau module de formation par tous leurs collègues qui n’avaient pas eu la chance de participer à sa conception.

Et une fois le module immersif terminé ?

Vous pensez que ça s’arrête ici ? Le rôle du formateur s’achève-t-il quand le dispositif de formation est fini ? 

Absolument pas, le module, aussi immersif soit-il, n’est qu’une modalité, un outil à sa disposition pour faciliter la montée en compétence des apprenants. 

Il va devoir continuer à les accompagner tout au long de la formation, en animant les sessions d’apprentissage, en leur donnant du feedback sur leurs actions, en répondant à leurs questions et leurs doutes mais surtout en continuant à leur donner du sens et la motivation de sortir de leur zone de confort pour apprendre.

Un peu de prospective

Ce n’est donc, non pas la fin, mais l’évolution de la place du formateur que permettent les technologies immersives. Elles mobilisent pour se faire, l’ensemble des expériences et des expertises du formateur pour le transformer en facilitateur pour l’apprenant. Un rôle performant et enrichissant pour l’apprentissage, que ce soit pour l’apprenant ou pour le formateur lui-même. France Immersive Learning, dont nous sommes membres, et Meta ont d’ailleurs édité un guide sur le sujet.

Et ce n’est que le début de cette révolution. À l’avenir, nous pouvons nous attendre à voir des avancées encore plus radicales, telle qu’une massification de l’usage de l’intelligence artificielle pour une personnalisation accrue de la formation ou la combinaison de la réalité virtuelle avec la réalité augmentée pour des expériences encore plus riches.

Et vous alors, avez-vous expérimenté d’autres rôles ? 

Souhaitez-vous en ajouter aux multiples casquettes du formateur déjà citées ? 

Comment percevez-vous les changements à venir ?